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Et si la méthode agile SAFe était plus simple que vous ne le pensiez ?

Et si la méthode agile SAFe était plus simple que vous ne le pensiez ?

Par Jennifer Montérémal

Le 20 mai 2022

SAFe… 4 lettres pour désigner une méthode de gestion de projet agile dont vous ne faites qu’entendre parler. Mais dès lors que vous vous plongez dans son framework nébuleux, vos cheveux se dressent sur votre tête.

Pourtant, cette méthodologie de gestion de projet s’avère plus simple qu’il n’y paraît (bon, pas autant que Scrum on l’avoue). Tout part de l’histoire d’un train qui doit partir à l’heure.

Alors, installez vous confortablement, on vous explique tout sur la méthode agile SAFe.

C’est quoi l’agilité à l’échelle, ou méthode SAFe ?

Définition rapide de la méthode agile SAFe

La méthode SAFe (Scaled Agile Framework) est sortie en 2011 du cerveau de son papa Dean Leffingwell, pour rejoindre la grande famille des méthodes agiles.

Son objectif ? Adapter l’Agilité (et plus précisément Scrum) à l’échelle de l’entreprise, afin de rapprocher les différentes équipes qui travaillent de manière éparpillée sur le développement d’un produit.

Son cadre implique également une meilleure prise en compte du top management, et œuvre à aligner les actions des équipes techniques avec la stratégie globale de l’entreprise.

Vous l’aurez compris, SAFe établit des processus de gestion de projet transverses.

SAFe VS Scrum

La principale différence entre les deux ?

Scrum s’adresse plutôt à une seule team, tandis que SAFe fait le lien entre les différentes équipes.

Pourquoi mettre en place SAFe ?

La question de l’utilisation de la méthode agile SAFe se pose dans les grosses organisations, lorsque les équipes de développement agile comptent au moins 50 personnes.

En effet, dans ce contexte, comment assurer :

  • la cohérence dans les prises de décision et leurs déclinaisons opérationnelles ?
  • la cohésion des nombreux services, parfois dispersés géographiquement ?
  • la synchronisation de leurs actions pour obtenir le niveau de valeur souhaité ?

SAFe répond à ces problématiques. Il insuffle les pratiques agiles dans toutes les strates de l’organisation, tout en respectant les prises de décisions stratégiques (liées au budget par exemple).

Le B.A.BA de la méthode SAFe

☝️ Pour vous expliquer le fonctionnement du framework SAFe, on s’est appuyé sur la dernière version, à savoir SAFe 5.0.

Il s’axe autour de différentes composantes :

  • une méthodologie pour planifier et organiser le travail,
  • des conseils sur les rôles et les responsabilités,
  • des valeurs et principes qui doivent transparaître au quotidien.

Entrons dans le vif du sujet.

Les 3 niveaux de SAFe

Afin de mieux coordonner l’ensemble des collaborateurs, la méthode agile SAFe 5.0 propose une structuration autour de 3 niveaux :

  • Essential. Il s’agit de la configuration de base du cadre SAFe. Elle inclut les éléments nécessaires à la réussite du déploiement de la méthodologie.
  • Large Solution. Il s’adresse aux entreprises qui construisent des solutions importantes et complexes, mais qui ne nécessitent pas le niveau Portfolio.
  • Portfolio. Il correspond à l’implémentation de l’agilité au niveau du top management, dans le but d’adresser des enjeux stratégiques et de financement.

Le niveau Essential

© SAFe

Le principe : Agile Release Train et cadence

Le niveau Essentiel s’articule autour de l’Agile Release Train (ART), ou train de déploiement agile. Il a pour objectif d’organiser les processus, afin que tout le monde travaille de manière cohérente sur les projets.

L’ART est composé de plusieurs équipes qui planifient et déploient selon la méthodologie Scrum, en maintenant les mêmes artefacts, cérémonies, etc.

Mais pour que ce train parte dans la bonne direction et arrive à l’heure, plusieurs principes s’ajoutent. Pour l’essentiel :

  1. L’horaire est fixe : toutes les équipes quittent la gare ensemble, selon la cadence déterminée par le PI Planning (Program Increment Planning).
    💡 Quid du PI : cérémonie SAFe incontournable, elle correspond à une grosse planification réalisée par l’ensemble des équipes en face à face.

  2. Un nouvel incrément est livré à chaque fin de sprint, toutes les 2 semaines environ, puis présenté et évalué lors du System Demo.
    ☝️ PI, System Demo… leur présence n’empêche pas le maintien des cérémonies Scrum telles que la Sprint Review.

  3. Toutes les équipes se synchronisent sur la même durée PI, généralement entre 8 à 12 semaines.

  4. La vitesse du train est connue. En d’autres termes, chaque équipe peut estimer la quantité de nouvelles fonctionnalités pouvant être livrées par PI.

  5. À la fin de chaque PI, un événement I&A (Inspect & Adapt) est organisé. Il sert à évaluer les avancées et à déterminer les éléments du backlog d’amélioration.

À retenir : la cadence de l’Agile Release Train se structure donc autour du PI, qui se déroule tous les 4 sprints (8 à 12 semaines environ). C’est aussi à ce moment-là que doit être livré un incrément, soit l’ensemble des fonctionnalités développées et testées par toutes les équipes. En somme, on a affaire à une gestion de projet itérative et incrémentale, à la manière de Scrum, mais appliquée à un niveau supérieur.

Les backlogs du niveau Essential

Côté équipe Scrum, sans surprise, on retrouve un backlog composé de user stories, dont le Product Owner est responsable.

Au-dessus se trouve le Program Backlog, comprenant les fonctionnalités à développer dans le cadre d’un Agile Release Train.

Les rôles du niveau Essential

Si nous retrouvons les habitués du Scrum (équipe de développement, Product Owner, Scrum Master), de nouveaux rôles apparaissent pour assurer le déroulé de la méthode SAFe à grande échelle :

  • le RTE (Release Train Engineer) : il aide le train à bien rouler, facilite la réalisation des cérémonies et le respect des processus de l’ART ;
  • le Product Management : il est chargé de veiller au bon alignement des produits créés avec les besoins des clients, et contribue à la génération de valeur via le Program, la Solution Kanban et le Continuous Delivery Pipeline ;
  • les architectes et ingénieurs système : ils définissent la vision technique et architecturale partagée par l’ensemble des équipes ;
  • les Business Owners : ils assurent la bonne gouvernance, la conformité et le ROI de la solution développée.
© SAFe

Le niveau Large Solution

© SAFe

Les principes de Large Solution

Large Solution reprend tous les principes de la couche Essential, mais à un niveau supérieur (pour des équipes de plus de 150 collaborateurs par exemple). Il embarque de ce fait un train plus important : le Solution Train.

En somme, il s’agit d’une couche organisationnelle, qui rassemble différents trains du niveau inférieur dans un train de niveau supérieur.

Il n’y a pas de cadence supplémentaire ajoutée. En revanche, Large Solution intègre une nouvelle compétence : Enterprise Solution Delivery. Celle-ci propose d’appliquer les méthodes du Lean-Agile au développement de logiciels, de réseaux et de systèmes plus vastes.

Elle repose notamment sur 9 pratiques, détaillées sur le site officiel du SAFe.

Le backlog du niveau Large Solution

Large Solution s’articule autour d’un Solution Backlog (échelle supérieure du Product Backlog), qui s’étend donc sur plusieurs ART.

Les rôles du niveau Large Solution

Vous avez compris le principe, les rôles sont complémentaires à ceux d’Essentiel, mais à un niveau au-dessus :

  • le STE (Solution Train Engineer) : il facilite et guide le travail de tous les ART ;
  • le solution management : il accompagne la création de solutions à grande échelle ;
  • le solution architect/engineering : il est responsable de la définition et de la communication d’une vision technique et architecturale partagée à travers le Solution Train.

Le niveau Portfolio

© SAFe

Le principe de Portfolio

L’objectif de Portfolio est de gérer les aspects plus business, en alignant la stratégie globale de l’entreprise avec sa déclinaison en actions opérationnelles.

Pour ce faire, cette couche repose sur 3 compétences :

  • La compétence Lean Portfolio Management, pour appliquer les approches Lean et de pensée systémique à la stratégie, aux opérations et à la gouvernance ;
  • La compétence Culture d’apprentissage continu, qui décrit un ensemble de valeurs et de pratiques afin d’encourager les individus à accroître continuellement leurs connaissances et l’innovation ;
  • La compétence Agilité organisationnelle, dans l’objectif d’optimiser les processus métier.

Le Portfolio Backlog

Le Portfolio Backlog regroupe les Epics, autrement dit les fonctionnalités les plus importantes, elles-mêmes subdivisées en fonctionnalités plus petites.

Les rôles du niveau Portfolio

  • les Epics Owners : ils coordonnent les Portfolio Epics via un Portfolio Kanban System ;
  • l’Enterprise Architect : il établit une stratégie technologique ainsi qu’une feuille de route pour toute la gestion du portefeuille.

Les 4 valeurs SAFe

Pour assurer l’efficacité de la méthode SAFe, les équipes se doivent d’incarner ces 4 valeurs fondamentales :

  • L’Alignement, pour faire face aux évolutions rapides du marché et assurer la coordination d’équipes parfois éparpillées géographiquement.

  • La Qualité intégrée, qui garantit que chaque incrément de la solution reflète les normes de qualité, dès le départ du projet, et ce tout au long de son cycle de vie.

  • La Transparence : l’efficacité de la méthodologie nécessite de la confiance, et donc de la transparence à tous les niveaux.

  • L’Exécution du programme : il faut se concentrer sur l’exécution du programme côté équipe, d’où l’intérêt du cadre fourni par l’ART.

Les 10 principes SAFe

Enfin, pour parfaitement saisir la vision de SAFe, focus sur les 10 principes à respecter :

  1. Adopter une vision économique. Les décisions quotidiennes sont prises dans un contexte économique approprié.
  2. Appliquer la pensée systémique. Afin de s’améliorer, tout le monde est invité à ouvrir son champ de vision et à appliquer la pensée systémique à tous les niveaux (développement, organisation).
  3. Prendre en compte la variabilité et préserver les options, pour créer des résultats optimaux.
  4. Construire de manière incrémentale, afin d’obtenir un retour plus rapide des clients et éviter les risques.
  5. Baser les jalons sur une évaluation objective des systèmes de travail, pour mesurer au mieux l’état de la solution tout au long du cycle de déploiement.
  6. Visualiser et limiter les Work in Progress, réduire la taille des lots de travail, gérer la longueur des files d’attente. L’objectif ? Atteindre un état de flux continu.
  7. Appliquer la cadence et synchroniser avec la planification inter-domaines. Ainsi, les équipes fonctionnent avec efficacité et synchronisation, malgré les incertitudes inhérentes au développement.
  8. Libérer la motivation des collaborateurs, en leur offrant de l’autonomie, en minimisant les contraintes, en valorisant leurs connaissances.
  9. Décentraliser la prise de décision, pour réduire les retards, améliorer le flux et obtenir des retours plus rapides.
  10. Organiser l’entreprise autour de la valeur. À l’ère numérique, répondre rapidement aux besoins de ses clients avec des solutions nouvelles et innovantes constitue le seul avantage concurrentiel durable.

💡 Astuce : pour vous aider à y voir plus clair, on vous recommande de vous rendre directement sur le site officiel du framework agile SAFe. Vous y trouverez un schéma interactif, expliquant l’essentiel de la méthodologie et des bonnes pratiques à appliquer.

Comment implémenter SAFe dans votre entreprise ?

Les conseils de SAFe

Contrairement à d’autres méthodologies agiles, à l’image de Scrum ou de Kanban, SAFe ne semble pas si facile à implémenter en entreprise. La méthodologie implique beaucoup de transformations et un gros travail d’adaptation.

Toutefois, le site officiel propose une démarche en plusieurs étapes, dans le but d’opérer une mise en place progressive :

  • Attendre le point de basculement avant d’entamer le processus, c’est-à-dire le moment où il devient impératif de modifier l’organisation, pour éviter la résistance au changement.
  • Former des agents de changement Lean/Agile.
  • Former des cadres, des managers et des dirigeants.
  • Créer un centre d’excellence Lean/Agile, c’est-à-dire une petite équipe de personnes dédiées à la mise en œuvre de la méthode de travail.
  • Identifier les Agile Release Trains.
  • Créer le plan de mise en œuvre.
  • Préparer le lancement du premier ART (définition, date, cadence, etc.).
  • Former les équipes et lancer concrètement l’ART.
  • Lancer plus d’ART, une fois que les collaborateurs se sont fait la main.
  • Étendre à l’ensemble du portefeuille
  • Accélérer la transformation de l’organisation et l’imprégnation totale de la culture SAFe.

Quid d’un logiciel dédié ?

La logique SAFe n’est donc pas si simple à implémenter, et induit la cohabitation de différentes équipes projet dans un même flux de travail, le tout drivé par la vision stratégique de l’entreprise. Conséquence, l’utilisation de logiciels devient vite indispensable pour :

  • centraliser l’ensemble des données,
  • obtenir de la visibilité sur l’avancée des opérations,
  • collaborer et s’aligner.

Exit, donc, le bon vieux tableur Excel. Quant à la multiplication des outils (PPM, EPM, APM, etc.), elle engendre une augmentation des coûts et complique la gestion. Mieux vaut trouver la solution tout-en-un qui permettra de déployer l’agilité à l’échelle !

🛠️ Triskell, par exemple, est un logiciel parfaitement adapté à cette problématique. Il va plus loin qu’un PPM classique, en se positionnant comme un véritable outil de gouvernance agile. Flexible et configurable, il permet d’implémenter le SAFe à tous les niveaux (planification, gestion des ressources, etc.). Il propose également une approche itérative et souple des budgets : financez les produits en fonction des priorités stratégiques et organisationnelles. Le tout en mettant l’accent sur la transparence et la communication entre les équipes.

La méthode agile SAFe en bref

Si SAFe peut faire peur de prime abord, comprendre ses grandes lignes ne se révèle pas si complexe. En bref, nous avons plusieurs couches :

  • des équipes scrums,
  • plusieurs équipes scrum regroupées dans un même train, l’Agile Release Train, et travaillant avec une cadence commune,
  • si gros projets, on rassemble ces trains dans un plus gros, le Solution Train,
  • au-dessus, nous avons le Portfolio, adressé au top management et destiné au pilotage des aspects stratégiques et financiers.

Le tout est animé par des valeurs et des principes fondamentaux, destinés à insuffler une dynamique basée sur l’agilité, sur la valeur apportée au produit et au client, ainsi que sur l’amélioration continue.

Jennifer Montérémal

Jennifer Montérémal, Editorial Manager, Appvizer

Actuellement Editorial Manager, Jennifer Montérémal a rejoint la team Appvizer en 2019. Depuis, elle met au service de l’entreprise son expertise en rédaction web, en copywriting ainsi qu’en optimisation SEO, avec en ligne de mire la satisfaction de ses lecteurs 😀 !

Médiéviste de formation, Jennifer a quelque peu délaissé les châteaux forts et autres manuscrits pour se découvrir une passion pour le marketing de contenu. Elle a retiré de ses études les compétences attendues d’une bonne copywriter : compréhension et analyse du sujet, restitution de l’information, avec une vraie maîtrise de la plume (sans systématiquement recourir à une certaine IA 🤫).

Une anecdote sur Jennifer ? Elle s’est distinguée chez Appvizer par ses aptitudes en karaoké et sa connaissance sans limites des nanars musicaux 🎤.