Comment faire un bilan carbone et réduire l’impact de votre entreprise ?
Aujourd’hui, les entreprises sont confrontées à un double défi : assurer leur développement tout en minimisant leur empreinte environnementale. Ce dernier point se révèle d’autant plus important qu’en plus des enjeux éthiques évidents, des obligations légales entrent parfois dans l’équation. En particulier l’obligation de réaliser son bilan carbone.
Une prise de tête pour les organisations ? S’il semble compliqué de prime abord d’évaluer avec précision vos émissions de gaz à effet de serre, le jeu en vaut la chandelle. Car de cette manière, vous appréhendez avec précision l’impact de vos activités, pour ensuite dégager des axes d’amélioration qui feront du bien à la planète, mais aussi à votre image de marque !
Alors concrètement, comment faire un bilan carbone en entreprise ? Existe-t-il une méthode particulière sur laquelle vous appuyer ? Quels sont les outils pour vous accompagner dans cette démarche ? On vous dit tout.
Qu’est-ce qu’un bilan carbone ?
Le bilan carbone se définit comme un outil d’évaluation mis au point par l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) dans le but de mesurer la quantité de gaz à effet de serre (GES) associée à :
- une activité ;
- un produit ;
- un service ;
- ou même une organisation dans son ensemble.
👉 Dans le cadre des obligations légales touchant certaines entreprises en France, on parle aussi de BEGES, ou encore de bilan GES réglementaire.
Les résultats de ce bilan carbone sont généralement exprimés en unités de dioxyde de carbone équivalent (CO2e), car d’autres gaz à effet de serre sont considérés :
- le méthane (CH4) ;
- l’hydrofluorocarbure (HFC) ;
- le protoxyde d'azote (N2O) ;
- le perfluorocarbure (PFC) ;
- l’hexafluorure de soufre (SF6).
☝️ Cette mesure permet tout simplement de standardiser les émissions des différents types de GES en fonction de leur potentiel de réchauffement climatique par rapport au CO2.
Le bilan carbone en entreprise est-il obligatoire ?
Il est obligatoire de réaliser son BEGES pour de nombreuses organisations. De plus, depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, il s’agit bel et bien d’un bilan complet, comprenant les scopes 1, 2 et 3 (nous reviendrons sur ces notions de scope plus tard dans l’article 👀).
Plus précisément, sont concernés par cette exigence légale, conformément à l’article L229-25 :
- les entreprises de plus de 500 salariés pour la métropole ;
- les entreprises de plus de 250 salariés pour les régions et départements d’outre-mer ;
- l'État, les régions, les départements, les métropoles, les communautés urbaines, les communautés d'agglomération et les communes ou communautés de communes de plus de 50 000 habitants ;
- les établissements publics et autres personnes morales de droit public employant plus de 250 personnes.
Ajoutons que le décret n° 2021-1784 du 24 décembre 2021 prévoit aussi l’élaboration d’un bilan GES simplifié pour les entreprises de plus de 50 employés bénéficiant d’aides de l’État dans le cadre du Plan Relance.
☝️ Il importe de respecter ces obligations, car dans le cas contraire, les contrevenants s’exposent à des amendes allant jusqu’à 10 000 euros !
Pourquoi est-il important de faire son bilan carbone ?
Si vous n’êtes pas concerné par les impératifs décrits ci-dessus, vous tirerez néanmoins des avantages de la réalisation de votre bilan carbone 👉.
Se sensibiliser au changement climatique
Une entreprise convaincue de l’urgence de lutter contre le changement climatique, toute pleine de bonne volonté qu’elle soit, doit toutefois comprendre l’ampleur des défis qui l’attendent.
En ce sens, le bilan carbone s’avère un instrument de sensibilisation parfait, puisqu’il permet de quantifier avec précision les émissions de gaz à effet de serre résultant de ses activités ainsi que leur impact sur l’environnement. Cette prise de conscience est nécessaire à la mise en place de nouvelles pratiques davantage éco-responsables.
Améliorer l’image de marque de l’entreprise
L’environnement est devenu une préoccupation majeure pour de nombreux consommateurs. Certains se disent même prêts à se tourner vers une marque plutôt qu’une autre si son impact se révèle inférieur.
72 % des Français déclarent être mobilisés en faveur de la consommation responsable.
En revanche, ce que les clients apprécient moins, c'est le greenwashing utilisé par de nombreuses entreprises pour se donner une image faussement écologique.
En publiant votre bilan carbone et en déployant un plan d’action derrière, vous démontrez que vous n’êtes pas dans la seule profession de foi et le discours marketing.
Une bonne manière de vous démarquer de certains concurrents, d’attirer de nouveaux consommateurs et de fidéliser votre clientèle existante 😀 !
Attirer plus facilement des talents
Si les consommateurs sont à la recherche de plus d’éthique, c’est également le cas des travailleurs. Beaucoup d’entre eux, en particulier ceux appartenant à la jeune génération, placent les valeurs de l’entreprise parmi leurs premiers critères de choix lors d’une recherche d’emploi… parfois même avant le salaire !
78 % des salariés choisiraient, à offres équivalentes, de rejoindre une entreprise engagée pour la transition écologique. Et 42 % souhaiteraient, sur le long terme, exercer un emploi plus en lien avec l’écologie.
Dans un contexte de guerre des talents, où il devient de plus en plus compliqué de recruter dans certains secteurs (IT notamment), publier votre bilan carbone et œuvrer à la réduction de votre impact fera clairement la différence !
Réaliser des économies
Enfin, même si cette affirmation semble contre-instinctive dans l’esprit de certains chefs d’entreprise, adopter une réelle démarche de développement durable est souvent synonyme d’économies… toujours bonnes à prendre dans le contexte inflationniste actuel 🤑!
On pense notamment :
- à la sobriété énergétique (investissement dans des technologies écoénergétiques, sensibilisation des employés, etc.) ;
- aux bonnes pratiques de gestion des ressources, telles que le recyclage des matériaux ;
- à l’optimisation des transports, par la mise en place du covoiturage, la suppression des déplacements inutiles et coûteux, etc.
Comment calculer son bilan carbone ? La méthode à suivre pas à pas
Avant-propos : Qui peut réaliser un bilan carbone ?
Si vous disposez des ressources et compétences nécessaires, il est tout à fait possible de réaliser votre bilan carbone en interne. Dans ce cas, il convient de désigner un chef de projet chargé de coordonner l’ensemble des actions et parties prenantes impliquées.
☝️Néanmoins, cette configuration reste l’apanage des grandes organisations ou de celles plus matures sur le sujet. En effet, de nombreuses structures préfèrent se faire accompagner par un prestataire externe pour leur BEGES… même si le plan d’action qui découlera des analyses doit émerger en grande partie de réflexions internes !
Ceci étant dit, voici les différentes étapes à suivre pour élaborer votre bilan carbone 👉.
Étape 1 : Choisir votre méthode - focus sur le Bilan Carbone ADEME
Le périmètre opérationnel
La méthode Bilan Carbone ®, telle que déposée, a été développée par l’ADEME. C’est généralement celle qui fait le plus l’unanimité auprès des entreprises.
En (gros !) résumé, elle implique un périmètre opérationnel large, c’est-à-dire une évaluation globale des émissions de gaz à effet de serre incluant :
- le scope 1 : émissions directes de gaz à effet de serre en provenance de sources contrôlées ou détenues par l’entreprise (combustion de carburant par exemple) ;
- le scope 2 : émissions associées à la production de l’énergie nécessaire à la conduite des activités ;
- le scope 3 : toutes les autres émissions indirectes, non liées à votre production. Par exemple, les déplacements professionnels, les achats de biens et de services, etc.
Les méthodes de calcul
Par ailleurs, la méthode Bilan Carbone s’appuie sur deux techniques de calcul :
- Si possible, le calcul est fondé sur des facteurs d’émission physique tels que les kilogrammes de CO2 équivalent (kg CO2e) émis par unité d'activité ou de consommation.
Par exemple, un facteur d'émission physique pour l'électricité pourrait être exprimé en kg de CO2e par kilowatt-heure (kg CO2e/kWh).
👉 La formule : Quantité GES = Quantité Consommée x Facteur Émission Physique. - Si pas possible, on utilise un ratio monétaire, comme les coûts associés à chaque tonne de CO2e émise.
Ces coûts peuvent être basés sur les prix du carbone sur les marchés d'échange de droits d'émission (par exemple, le marché européen du carbone), ou sur des estimations des coûts marginaux d'abattement des émissions. Toutefois, il s’agit d’une estimation moins précise que la précédente.
👉 La formule : Quantité GES = Prix x Facteur Émission Monétaire.
💡 Notez cependant qu’il existe d’autres méthodes pour dresser le bilan carbone de votre entreprise :
- le GHG Protocol, protocole reconnu à l’international ;
- la norme ISO 14064, établissant les principes et exigences nécessaires à la vérification ainsi qu’à la validation des inventaires de gaz à effet de serre.
Étape 2 : Définir votre propre périmètre opérationnel
Cette étape consiste à identifier vos propres sources d’émission. En gros à cartographier ce qu’il convient d’examiner, en fonction des spécificités de votre entreprise comme sa taille, son secteur ou ses activités.
Là entrent en scène les fameux scopes évoqués précédemment. Autrement dit, il vous faut prendre en compte à la fois vos émissions directes et indirectes, afin de dresser le meilleur état des lieux possible de votre situation réelle.
👉 Exemples :
- Un magasin de grande distribution comptabilisera :
- les émissions directes de ses installations (scope 1) comme celles résultant de la consommation énergétique de ses entrepôts, de ses véhicules de livraison, etc. ;
- les émissions indirectes liées à l'énergie (scope 2) provenant de l'électricité utilisée dans ses locaux ;
- Un éditeur de logiciel, dont les activités se basent principalement sur des services informatiques, se concentrera davantage sur les émissions indirectes (scope 3). On pense notamment à celles associées :
- à l'utilisation de ses produits par les clients ;
- aux déplacements des employés ;
- aux serveurs informatiques externes dédiés à l'hébergement des données, etc.
Étape 3 : Collecter vos données
Une fois que vous savez dans quelle direction enquêter 🕵️, il est temps de collecter les données nécessaires.
Ce travail se révèle parfois fastidieux, car en fonction du périmètre opérationnel retenu, il faudra partir à la chasse aux informations auprès de vos fournisseurs, de vos clients, lorgner du côté des statistiques, etc.
👉 Exemple :
Une entreprise de fabrication de produits électroniques devra récolter des données sur les émissions de GES à la fois :
- associées à la production des matières premières et des composants par ses fournisseurs ;
- générées lors de l'utilisation des articles par les consommateurs.
Bien sûr, n’effectuez pas ce travail seul. Responsabilisez chaque service pour qu’il vous épaule dans ce processus de recueil de data (service achat auprès des fournisseurs, par exemple).
Étape 4 : Analyser les données afin d’élaborer le bilan carbone
À partir de toute la donnée collectée, calculez votre bilan et analysez vos principales sources d’émission de gaz à effet de serre. Vous identifiez ainsi les postes pour lesquels la réduction de votre impact est prioritaire.
🤯 On ne va pas se mentir, cette étape s’avère plutôt technique. L’ADEME recommande d’ailleurs de suivre des formations en ce sens.
Vous avez aussi la possibilité de recourir à un prestataire externe, ou encore de vous appuyer sur des outils dédiés.
💡On pense notamment à Carbo, solution SaaS bien pratique développée dans le but d’accompagner les TPE et PME dans la réalisation de leur bilan des émissions à effet de serre. Pour ce faire, le logiciel :
- vous aide dans la collecte collaborative de vos données ;
- simplifie le calcul de vos émissions de CO2 en vous guidant pas à pas dans le processus, en s’appuyant sur la méthodologie ABC, sur plus de 30 bases de données de référence (dont celle de l’ADEME) ainsi que sur les approches physique et monétaire évoquées plus haut.
Et pour faciliter la compréhension, et donc l’élaboration de votre plan d’action, les résultats sont restitués de façon personnalisée et interactive, par poste d’émission.
Étape 5 : Déterminer un plan d’action en conséquence
Tout ce travail effectué précédemment doit déboucher sur l’élaboration d’un plan d’action, ou plan de transition, co-construit avec les parties prenantes. En somme, il s’agit d’opérer des changements amélioratifs concrets en vue de réduire l’impact de votre entreprise.
☝️ Pour garantir l’efficacité de ce plan d’action, veillez à y inclure :
- les objectifs à atteindre, KPI à l’appui ;
- des responsables ;
- le calendrier des opérations à mener ;
- le budget associé.
Étape 6 : Publier votre bilan carbone
Dans un objectif de transparence, toutes les entreprises concernées par l’obligation de BEGES doivent publier leur bilan carbone, par voie électronique, sur la Plateforme GES de l’ADEME. Il devient alors consultable par tout le monde 👀.
Cette opération est à effectuer tous les 3 ans pour les personnes morales publiques, et tous les 4 ans pour les personnes morales privées.
💡 Toutefois, même si vous n’y êtes pas contraint, on vous recommande de publier une synthèse de votre bilan carbone ainsi qu’un rapport d’amélioration. L’objectif ? Améliorer votre image de marque et votre marque employeur.
Quel est le prix d’un bilan carbone ?
Si vous faites appel à un service externe, le prix de l’élaboration du bilan carbone varie considérablement selon divers facteurs tels que la taille et la complexité de l'organisation, le nombre de scopes considérés, les méthodologies utilisées, etc. En somme, selon l’ampleur des analyses à fournir par le prestataire.
💵 Mais pour simplifier, considérez que la fourchette se situe entre quelques milliers d’euros et quelques dizaines de milliers d’euros.
Notez cependant que l’ADEME propose le programme DIAG Décarbon’action, grâce auquel les PME et petites ETI peuvent effectuer leur premier bilan carbone à des tarifs avantageux :
- 4 000 € si l’entreprise compte moins de 250 salariés ;
- 6 000 € si elle en possède entre 250 et 499.
Dans tous les cas, vous comprendrez que réaliser un bilan carbone gratuit implique d’internaliser le processus, et donc d’y consacrer pas mal de temps et de ressources.
💡 Une des bonnes alternatives consiste à vous appuyer sur des logiciels comme évoqués ci-dessus. Ils facilitent grandement le travail, tout en demeurant moins chers qu’un cabinet de conseil.
Les bonnes pratiques à adopter pour réduire l’empreinte carbone de l’entreprise
Maintenant que vous savez vous situer grâce à votre bilan carbone, voici quelques pistes de réflexion pour réduire votre impact :
- Économisez l’énergie au quotidien en pensant à éteindre les appareils inutilisés, en évitant d’abuser de la climatisation et du chauffage, etc. ;
- Orientez-vous vers des énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien ;
- Limitez les déplacements pour aller au bureau en instaurant le télétravail, ou pour rencontrer les clients en privilégiant les meetings par visioconférence ;
- Faites appel à des fournisseurs proches géographiquement, et responsables dans leurs méthodes de production ou encore de gestion des déchets ;
- Investissez dans la recherche et le développement de solutions orientées développement durable ;
- Considérez l’empreinte numérique de vos activités. Le zéro papier c’est bien… mais combien consomment les data centers dans lesquels vous hébergez vos données ?
- Compensez votre empreinte carbone grâce à des projets tels que la reforestation ;
- Mettez en place une vraie politique de réduction des déchets ;
- Commercialisez des produits et services conçus pour durer dans le temps, etc.
💡Découvrez plus en détail comment devenir davantage éco-responsable en lisant notre article dédié au développement durable en entreprise.
Comment faire un bilan carbone : que retenir ?
Qu’il s’agisse d’une obligation légale ou tout simplement d’une volonté de réduire leur impact environnemental, une chose demeure certaine : de plus en plus d’entreprises se confrontent à l’exercice du bilan carbone.
Heureusement, il existe de nombreuses ressources en ligne grâce auxquelles elles peuvent monter en compétences en la matière, notamment celles publiées sur le site de l’ADEME. Toutefois, la démarche reste compliquée, en particulier lorsqu’il faut composer avec un large périmètre opérationnel.
Plusieurs solutions s’offrent alors aux responsables du projet : monter en compétences sur le sujet (chronophage), faire appel à un cabinet de conseil (coûteux) ou s’appuyer sur des logiciels (un bon compromis).
Enfin, il importe après tous ces fastidieux calculs de mettre en place un plan d’action… et surtout de le suivre !
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Actuellement Editorial Manager, Jennifer Montérémal a rejoint la team Appvizer en 2019. Depuis, elle met au service de l’entreprise son expertise en rédaction web, en copywriting ainsi qu’en optimisation SEO, avec en ligne de mire la satisfaction de ses lecteurs 😀 !
Médiéviste de formation, Jennifer a quelque peu délaissé les châteaux forts et autres manuscrits pour se découvrir une passion pour le marketing de contenu. Elle a retiré de ses études les compétences attendues d’une bonne copywriter : compréhension et analyse du sujet, restitution de l’information, avec une vraie maîtrise de la plume (sans systématiquement recourir à une certaine IA 🤫).
Une anecdote sur Jennifer ? Elle s’est distinguée chez Appvizer par ses aptitudes en karaoké et sa connaissance sans limites des nanars musicaux 🎤.